Clôture, mobilier, terrasse, jardinière : mis au défi par l’humeur du ciel, le bois évolue, sa couleur change et compose avec le paysage. Son éclat de coupe passe, son blond étincelant laisse place à un gris dense faisant ressortir les nervures de l’âge. Pour autant, il n’en a pas fini avec la mission qu’on lui a confiée ; il tient bon, poli par l’expérience, guettant le cours des saisons.

A ceux qui voudraient l’habiller, le lasurer, le poncer, le traiter, le masquer ; à ceux-là il les inviterait à s’asseoir sur ses genoux, à l’ombre du mélèze encore sur pied. Il les inviterait là , sur son banc au coin du jardin et leur parlerait de sa chaste étreinte, avec cette dame qui, quelques années plus tôt, s’était assise pour se confier à lui.
Actrice oubliée aux cheveux de couleurs insolentes, c’est à la cinquantaine qu’elle entama sa révolution capillaire. Rien. Plus rien. Ni brune, ni blonde, ni rousse. Plus de couleur.
Du jour au lendemain, sa vie fut changĂ©e. RepĂ©rĂ©e dans le TGV par un metteur en scène, un premier rĂ´le lui fut proposĂ© dans le long-mĂ©trage Larix, l’hiver nu. Si son apparition fut remarquĂ©e, c’est vĂ©ritablement l’annĂ©e suivante que son succès bouleversa la scène du cinĂ©ma avec Douglas, un sapin venu de loin. PlĂ©biscitĂ©e Ă Cannes, la grande dame aux cheveux gris foula le tapis rouge s’imposant sous le regard flatteur, conquis et bienveillant du public. Â
Osons ce regard flatteur, sur le banc de nos jardins,
Qu’un gris profond imprègne, les saisons passent, lui tient.